Il y a des moments dans la vie où on ne peut pas tergiverser, pas attendre demain, pas espérer que « ça passe tout seul ». Dans certaines situations, appeler un médecin en urgence, c’est littéralement une question de vie ou de mort. Et parce qu’on ne sait jamais vraiment comment on va réagir face à une urgence, mieux vaut être préparé. Voici trois cas précis, concrets, où il faut absolument agir vite et contacter un professionnel de santé sans perdre une seconde.
1. Douleur thoracique soudaine : l’urgence cardiaque à ne jamais ignorer
Quand une douleur vive apparaît dans la poitrine, on pense souvent à tort à une crise d’angoisse, à un coup de stress ou à une indigestion. Mais la réalité, c’est que cette douleur peut cacher bien pire : un infarctus du myocarde, autrement dit une crise cardiaque.
Reconnaître les signes d’une crise cardiaque
Je me souviens d’un ami, la cinquantaine bien sonnée, qui a senti une douleur dans la poitrine après avoir monté quelques marches. Il a pensé que c’était la fatigue, qu’il manquait juste un peu d’exercice. Trois heures plus tard, il était en soins intensifs.
Voici les signes qu’il ne faut jamais ignorer :
- Douleur ou gêne dans la poitrine, comme une sensation d’étau ou de brûlure.
- Douleur qui irradie dans le bras gauche, la mâchoire ou le dos.
- Sueurs froides, nausées, vertiges.
- Sensation d’essoufflement, même au repos.
- Malaise soudain, fatigue extrême.
Même si les symptômes semblent légers, n’attendez pas, appelez un médecin en urgence. Un infarctus peut évoluer en quelques minutes. Le muscle cardiaque est en train de manquer d’oxygène, et chaque minute perdue augmente les risques de séquelles irréversibles, voire de décès.
Composez immédiatement le 15 (Samu), le 112 ou allez aux urgences. Ne prenez pas la voiture, ne vous dites pas « je vais voir comment ça évolue ». Appelez et laissez les secours décider.
2. Difficultés respiratoires aiguës : quand l’air manque, chaque seconde compte
Respirer, c’est automatique. Mais quand ça devient difficile, paniquant, oppressant… on comprend à quel point ce geste banal est vital. Des difficultés respiratoires soudaines, sans cause évidente, sont un motif d’urgence médicale absolue.
Ce que j’ai vu : l’asthme sévère mal géré, le choc allergique
Je repense à cette femme dans une pharmacie, un jour d’été. Elle achetait un sirop contre la toux. Quelques instants après avoir pris un comprimé, elle a commencé à gonfler, son visage a changé, elle haletait. Un œdème de Quincke, réaction allergique très grave. Heureusement, quelqu’un a eu le bon réflexe d’appeler les secours immédiatement.
Signes à repérer dans une urgence respiratoire :
- Respiration sifflante, rapide ou bruyante.
- Sensation d’étouffement ou d’oppression dans la poitrine.
- Lèvres ou doigts qui deviennent bleus (cyanose).
- Incapacité à parler ou à terminer une phrase.
- Confusion, agitation, perte de conscience.
Qu’il s’agisse d’un asthme sévère, d’une embolie pulmonaire, d’un choc anaphylactique ou d’une infection comme la pneumonie… il faut agir sans délai.
L’appel au 15 ou au 112 doit être immédiat, pendant que la personne est mise en position semi-assise pour faciliter sa respiration. Si elle dispose d’un traitement (inhalateur, auto-injecteur d’adrénaline), il faut l’utiliser tout de suite.
3. Perte de connaissance ou troubles neurologiques soudains : les signes d’un AVC ou d’un coma
Le cerveau est un organe fragile. Quand il n’est plus irrigué correctement, ou qu’un vaisseau sanguin se rompt, les conséquences peuvent être dramatiques. Un accident vasculaire cérébral (AVC) ou une perte de connaissance inexpliquée, ce ne sont jamais des incidents bénins.
Comment savoir s’il faut appeler tout de suite ?
Je vous partage une règle très simple, qu’on appelle souvent FAST :
- Face (visage) : Le visage est-il déformé d’un côté ? Un sourire asymétrique ?
- Arm (bras) : Une faiblesse ou paralysie d’un bras ?
- Speech (parole) : Discours confus, difficulté à parler ?
- Time (temps) : Chaque minute compte. Il faut appeler immédiatement les secours.
Mais ça peut aussi être :
- Une perte de connaissance brutale.
- Une chute sans raison apparente.
- Des convulsions.
- Une confusion mentale soudaine.
J’ai vu un jour une jeune femme dans un parc qui tenait son téléphone à l’envers, regardait dans le vide et ne répondait à rien. On a vite compris que ce n’était pas une absence passagère. Les secours sont intervenus en moins de dix minutes, et c’est ce qui a évité de lourdes séquelles.
Pourquoi le temps est crucial dans les AVC ?
On parle souvent de « golden hour » : plus l’AVC est pris en charge tôt, plus les chances de récupération sont grandes. Certains traitements doivent être administrés dans les trois premières heures pour être efficaces. C’est une course contre la montre.
Ne pas minimiser, ne pas attendre : mieux vaut prévenir que regretter
Dans toutes ces situations, on a souvent tendance à vouloir relativiser. On se dit que ça va passer, qu’on ne veut pas déranger, ou qu’on va prendre un Doliprane et attendre. Grave erreur. Le vrai danger, c’est de ne rien faire.
Mieux vaut appeler pour rien que de ne pas appeler quand il le faut. Les médecins urgentistes le disent tous : ils préfèrent une fausse alerte qu’un appel arrivé trop tard.
Petite check-list mentale à retenir en cas de doute :
- Est-ce que la douleur ou le malaise est brutal ou inexplicable ?
- Y a-t-il une perte de conscience, même brève ?
- Est-ce que la personne n’arrive pas à respirer correctement ?
- Est-ce que les fonctions motrices (parler, marcher, bouger) sont perturbées ?
- Ai-je le moindre doute sur la gravité ?
Si la réponse est oui à l’une de ces questions : je n’attends pas. J’appelle les urgences.
Savoir réagir, c’est peut-être sauver une vie
Dans une crise, une maladie soudaine, il faut laisser de côté l’hésitation. Notre instinct peut parfois nous jouer des tours, nous pousser à croire que ce n’est « pas si grave ». Mais face à une douleur thoracique, des troubles respiratoires ou des signes neurologiques, chaque minute compte.
Répétons-le : en cas de doute, on agit. On appelle, on explique la situation, on suit les consignes. Mieux vaut une intervention inutile qu’un drame évitable.
Alors oui, je suis convaincu : reconnaître les signes d’une urgence médicale, c’est un savoir essentiel, que chacun devrait avoir. Parce que le jour où ça vous arrive — ou à quelqu’un que vous aimez — vous saurez quoi faire.